Edito
Au fur et à mesure que nous nous approchons du moment où, triomphantes, les autorités compétentes annonceront la fin de la pandémie, nous comprenons qu’à ce moment-là, il n’y aura sans doute pas grand-chose à célébrer – et qu’il s’agira, au contraire, de savoir rester méfiants et de développer une forme d’attention aux traces que la gestion de cette crise aura laissé, à tous les niveaux, sur les territoires que nous habitons.
D’emblée, celles et ceux qui se sont vu confier pour mission de communiquer la marche à suivre dans cette crise sanitaire n’ont pas hésité à mobiliser un registre martial. Il y a eu des « sacrifices », des « héros » et on a été exhorté.e.s à avancer « quoiqu’il en coûte » comme « une équipe de 11 millions » (« la lumière est au bout du tunnel »).
De ce point de vue, une guerre serait en train de se terminer.
Or on sait tout.e.s qu’au delà des grandes parades de victoire, la paix viendra entériner l’ordre imposé par les vainqueurs. Et, plus précisément, par celles et ceux qui sauront raconter la lutte achevée de manière à s’arroger la victoire...
Durant la guerre, il est difficile de se saisir de toute une série de problèmes au motif que la situation doit impérativement être considérée comme exceptionnelle. Quand la paix s’installera, de nombreux problèmes persisteront mais il ne faudra pas envisager de s’en saisir parce qu’il s’agira d’oublier au plus vite pour mieux revivre à nouveau.
Il nous semble que ce qu’on appelle encore le Covid Safe Ticket, la manière dont son usage nous a été imposé et ce qu’il implique aujourd’hui fait partie des problèmes avec lesquels nous voudrions continuer de penser – et ce même après la fin de la pandémie parce que nous n’avons pas la naïveté de croire qu’on en aura fini avec ce genre de dispositif de contrôle, bien au contraire…
Le contenu composant le dossier qui suit a pour but de réunir les traces de ces tentatives de penser ce qui nous arrive dès lors où on nous demande, en tant qu’association qui accueille des publics, de participer à la mise en place d’un dispositif tel que le CST. Il s’agit de maintenir le problème en vie.